Exploration De l’Intérieur De l’Australie

Manteau et chapeau driza-bone

Manteau et chapeau driza-bone

L’installation des premiers contingents de bagnards (« convicts« ) se fit à Port Jackson, qui devint ultérieurement Sydney. Pendant quelques décennies la colonisation se fit dans la région environnante, puis se développa en d’autres endroits, mais toujours dans des régions côtières de la façade Est du continent.

L’exploration de l’intérieur de l’Australie

Obstacle à l’exploration de l’intérieur de l’Australie

L’exploration de l’intérieur de l’Australie était en effet contrarié par la Cordillère australienne (« Great Dividing Range« ), une pseudo chaîne de montagne qui longe la côte Pacifique et s’étend sur 3700 km du Nord du Queensland (péninsule du Cape York) jusqu’à l’extrême Sud de l’Australie dans le Victoria, que Philip Gidley King, troisième gouverneur général de la Nouvelle Galles du Sud entre 1800 et 1806, déclara « infranchissable » dans la partie appelée les « Montagnes Bleues » située à l’Ouest de Sydney.

Cette chaîne n’est cependant pas continue sur toute sa longueur, en particulier dans sa partie située dans le Queensland où son altitude peut ne pas dépasser 300 mètres. Plus au Sud, dans la Nouvelle Galles du Sud, l’altitude est variable, entre 1000 et 1500 mètres, mais elle s’élève fortement dans l’Etat du Victoria où elle culmine à 2228 mètres au Mont Kosciuszko.

On retrouvait en Australie le même type de situation que celle qui existait en Amérique du Nord durant le premier empire colonial français avec la chaîne des Appalaches qui interdisait tout passage vers l’Ouest et qui séparait les établissements anglais et français installés de chaque côté de la frontière montagneuse.

La première expédition d’exploration de l’intérieur de l’Australie

Une petite expédition menée par Grégory Blaxland franchit pourtant en 1813 cette chaîne réputée infranchissable, et parvint à l’intérieur de la Nouvelle Galles du Sud. Cette traversée ouvrit la voie à de nombreuses autres petites expéditions au cours des années suivantes, puis au flux colonisateur.

Principales expéditions d’exploration de l’intérieur de l’Australie officiellement répertoriées

  • 1817-1818 – John Oxley: intérieur de la Nouvelle Galles du Sud; découverte des rivières Lachlan et Macquarie.
  • 1824 – Hume et Hovell: Sydney à Geelong; découverte du Murray River.
  • 1828 – Charles Sturt et Hamilton Hume: région de la Macquarie river; découverte de la Darling River.
  • 1829 – Charles Sturt: Descente de la Murrumbidgee; découverte et baptême du Murray River, découverte que les rivières du versant ouest de la cordillère australienne se jetaient dans le bassin Murray-Darling.
  • 1839-1841 – Edward John Eyre: chaîne de Flinders au Nord d’Adelaïde; plaine de Nullarbor et jusqu’à Albany en Australie Occidentale, soit plus de 1500 km d’Est en Ouest.
  • 1844 – Charles Sturt: Nord-Ouest de la Nouvelle-Galles du Sud et Nord-Est de l’Australie Méridionale; découvre et nomme le désert de Simpson au centre de l’Australie.
  • 1860-1861- Expédition de Burke et Wills: traversée du continent sur un parcours de 2800 km du Sud au Nord (Melbourne/golfe de Carpentarie).
  • 1861-1862 – John McDouall Stuart: traversée de 3200 km du Sud au Nord du continent (Adelaïde/Darwin).

L’aventure d’Henri Gilbert

1897-1898 – Un nom sort du lot, celui du Français Henri Gilbert, journaliste de profession, qui avait fait le pari insensé avec une agence de presse de faire le tour du monde à pied, seul, sans assistance et sans mendier, mais avec l’autorisation de travailler, et d’être de retour en France en mai 1900.

Henri Gilbert à Barcaldine en Avril 1900 (State Library of Queensland)

Henri Gilbert à Barcaldine en Avril 1900
(State Library of Queensland)

Âgé de 30 ans, Henri Gilbert quitta Paris en février 1895 pour un périple qui le conduisit à travers l’Espagne, le Maghreb, le Proche-Orient, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et Singapour. De là il rallia l’Australie.

Il quitta le port de Freemantle dans le Sud de l’Australie Occidentale sur l’Océan Indien en août 1897. Peu de temps après son départ il subit une attaque de voleurs qui le laissa pour mort près d’Albany en Australie Occidentale, mais fut heureusement sauvé par une famille de la région.

Il traversa à pied le continent pour rejoindre la ville de Brisbane sur la côte Pacifique, soit environ 3000 km à vol d’oiseau, en traversant notamment en plein été austral la fameuse plaine désertique de Nullarbor sans l’aide de chameaux, de chevaux ou de véhicule, muni d’un seul sac à dos d’une quarantaine de kilos et en suivant la ligne télégraphique. Le terme de « Nullarbor » est formé sur les mots latins nullus, « nul », et arbor, « arbre » pour désigner une région désertique, sans arbre. Les Aborigènes ont donné à cette région le nom de Oondiri qui signifie « sans eau »: c’est tout dire !

Le périple australien d’Henri Gilbert le conduisit à Adelaïde, Melbourne, Sydney, Brisbane qu’il atteignit en décembre 1898, près d’un an et demi après son départ de Freemantle, puis Townsville tout au Nord du Queensland, malgré les innombrables difficultés. Un exploit titanesque !

Tout au long de son interminable périple Henri Gilbert adressa des articles à la « Dépêche de Toulouse » et au « Radical Algérien », et il s’attacha à amasser des preuves de son parcours en collectionnant articles de journaux locaux, témoignages d’hôteliers, de chef de gares, de bureaux de postes, et même du Consulat français de Sydney.

Dans son journal Henri Gilbert ne tarit pas d’éloges sur la gentillesse et l’hospitalité des Australiens.

Son aventure fut relatée dans un article du Brisbane Courier du 30 Décembre 1898.

Il semble qu’Henri Gilbert ait renoncé à son pari fou d’être de retour à Paris pour le mois de mai 1900 car les dernières nouvelles que l’on a de lui le présentent embarquant en octobre 1901 à Darwin pour Hong Kong, accompagné de son épouse, dont on ne sait rien, et de leur nouveau-née.

On perd ensuite leur trace entre Saïgon, Hanoï et la Chine où il semble, selon les dernières coupures de presse, qu’ils aient rencontré de grandes difficultés et connu des ennuis de santé.

Quelle aventure ! Cela mériterait que l’on joue les détectives pour retracer plus précisément ce long cheminement et découvrir comment tout cela s’est terminé.

Ce récit ne nous est parvenu que grâce à la chance qu’a connue le Professeur Colin Dyer qui, dans ses recherches, a pu remettre la main sur le journal original et documents annexes d’Henri Gilbert.

Pour en savoir plus

Expéditions d’exploration de l’intérieur de l’Australie privées

Après les premières traversées de la Great Dividing Range, et en marge des expéditions que les autorités ont elles-mêmes commanditées, il y eut une quantité d’initiatives privées d’explorer et coloniser ce qui ressemblait fort à un « far West », que ces initiatives privées aient émané de colons libres ou de convicts échappés et rebelles qui fuyaient l’oppression et la cruauté de leurs geôliers.

Les individus qui constituaient ces initiatives devaient affronter l’inconnu dans des régions inhospitalières. Ils devaient disposer d’un équipement minimum pour endurer les rigueurs du climat aride, semi-désertique et désertique des régions dans lesquelles ils s’enfonçaient. Leurs vêtements devaient leur permettre d’affronter le vent, la poussière, la chaleur et le froid d’un désert aux journées étouffantes et aux nuits glaciales, ou les trombes d’eau que savent si bien produire les orages australiens.

Driza-bone

C’est pour faire face à ces conditions climatiques épouvantables qu’ils avaient adopté, pour leurs vêtements, le « driza-bone« , tissu initialement inventé en Nouvelle Zélande. Fait de coton récupéré de voiles de bateau usagées, le driza-bone était un tissu enduit d’huile de lin pour le rendre imperméable et protéger les marins. Ce produit fut ensuite importé en Australie où il constitua le tissu de base des vêtements du bush, et plus tard des stockmen.

Le driza-bone servit à fabriquer des manteaux « cache-poussière » et des couvre-chefs à toute épreuve. Par suite de son usage généralisé, le nom de « driza-bone » s’est finalement confondu avec le vêtement lui-même, principalement le manteau ou trois-quarts.

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