Contexte Général Des Expéditions Maritimes Européennes Vers l’Australie

Les expéditions maritimes européennes vers l’Australie s’inscrivent dans un contexte général. Elles furent d’abord le fait des Portugais, au mépris de conventions internationales de l’époque. Elles furent suivies de nombreuses autres expéditions sous divers pavillons, lesquelles conduisirent tardivement à des appropriations de puissances européennes. Enfin, la France joua un rôle particulier dans la reconnaissance scientifique de ce « nouveau » continent.

Contexte général des expéditions maritimes européennes vers l’Australie

Le contexte général qui entoure ces expéditions est fait d’un esprit de découverte, de progrès scientifiques, de motivations économiques, le tout sur fond de rivalités politiques.

L’esprit de découverte

Le XVIIIème siècle – le Siècle des Lumières – est caractérisé par un profond mouvement intellectuel, culturel et scientifique. On cherche à exercer partout la raison, en s’appuyant sur l’expérimentation. Toutes les matières où s’exerce l’esprit humain évoluent et connaissent de très grands progrès: les mathématiques, les sciences de la nature, la médecine, les sciences physiques, la philosophie, les arts. C’est l’époque de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert dont la mission était de « rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre » .

Cette soif de connaissance se traduit dans une accélération considérable de la découverte du monde par de très nombreuses expéditions maritimes, en particulier vers « les Indes », et donc vers l’Australie.

Les progrès scientifiques

Les explorations maritimes entreprises sont beaucoup aidées par les progrès enregistrés en matière d’instruments de navigation.

Sextant

Sextant

En 1731 le mathématicien britannique John Hadley et l’inventeur américain Thomas Godfrey inventent en même temps le sextant qui permet de connaître de manière précise la latitude du point de l’observateur.

Horloge à longitudes de John Harisson

Horloge à longitudes de John Harisson

En 1736 l’horloger anglais John Harisson invente le chronomètre de marine ou « horloge marine à longitude » grâce à laquelle la longitude peut être calculée de manière plus précise.

 

Les motivations économiques et politiques

L’exploration poursuit également d’autres objectifs, au rang desquels la christianisation n’est pas absente.

Un autre besoin, politique et économique celui-là, incite certains pays européens à découvrir d’autres horizons. Ces objectifs économiques et politiques sont rarement mis en avant dans les motivations officielles. Il n’en demeure pas moins qu’elles sous-tendent la quête de découvertes.

A la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, grâce à Louis XIV et à son Contrôleur Général des Finances et Secrétaire d’Etat à la Marine Jean-Baptiste Colbert, la France se constitue un vaste empire ultramarin, ce que l’on nomme le « premier empire colonial français » . Cet empire comporte:

  • Nouvelle france en 1745

    Nouvelle france en 1745

    la Nouvelle-France, immense colonie de peuplement associée à une assimilation des populations indiennes, qui s’étend de la région du Canada et des grands lacs, puis le long du Mississipi jusqu’à la Louisiane. Ces territoires français se situent à l’Ouest de Appalaches, cette chaîne de montagne qui longe la côte Est de l’Amérique du Nord. Les Anglais étaient installés sur la côte Atlantique, à l’Est de cette chaîne de montagne dans laquelle ils n’avaient jusqu’alors pas trouvé de point de franchissement. Les Appalaches séparaient donc les colonies anglaises et françaises.

  • les Antilles, dont les plantations exploitées grâce aux esclaves venus d’Afrique génèrent de très gros profits, grâce principalement à la culture de la canne à sucre.
  • Comptoirs français de l'Inde

    Comptoirs français de l’Inde

    les Indes, qui regroupent l’ensemble des possessions de l’Océan Indien menant aux comptoirs des Indes d’où l’on ramène notamment des épices et de la soie.

Les rivalités politiques

L’exploration des routes maritimes vers l’Est a été également fortement conditionnée, du XVe au XIXe siècles, par les rivalités entre les principales puissances maritimes: rivalité, d’abord, entre les deux principales puissances maritimes de la première partie de l’époque, l’Espagne et le Portugal. Leur rivalité a été réglée par deux traités bilatéraux successifs sous l’égide de la Papauté. Ensuite, après la fin de la suprématie de ces deux premières nations, d’autres puissances européennes se sont engagées dans cette course vers l’Orient: principalement la France, l’Angleterre et la Hollande.

Rivalité entre l’Espagne et le Portugal

Traité de Tordesillas

Après la « découverte » de l’Amérique (en fait, les Caraïbes) par Christophe Colomb en 1492 pour le compte d’Isabelle La Catholique, reine de Castille, les deux puissances maritimes dominantes de l’époque, l’Espagne et le Portugal, se déchirent pour la conquête du Nouveau Monde. Après plusieurs initiatives déséquilibrées, un accord est finalement trouvé en 1494 sous la forme du Traité de Tordesillas, lequel sera approuvé par le Pape Jules II dans une bulle de 1506.

Le Traité de Tordesillas du 7 juin 1494, dont l’objet est la répartition des droits de conquête du Nouveau Monde (la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb date de 1492), donne à l’Espagne les droits sur les terres à l’Ouest d’un méridien situé à 370 lieues (1 770 km) à l’Ouest des îles du Cap Vert. Le Portugal reçoit les droits sur les terres à l’Est de ce méridien, et ce (mais cela n’est pas expressément dit, ni précisé) jusqu’à une probable limite orientale d’un méridien européen. En effet, à cette époque on ne se préoccupe que du Monde à l’Ouest de l’Europe, et l’on n’envisage pas encore la conquête maritime orientale. Il faudra attendre Fernand de Magellan pour avoir la confirmation que la Terre est ronde.

Traités de Tordesillas et de Saragosse

Limites géographiques imposées par les traités de Tordesillas et de Saragosse

Anecdotiquement, la distance du méridien à 370 lieues à l’Ouest du Cap Vert au-delà duquel étaient reconnus des droits exclusifs d’exploration et de conquête espagnols et par lequel l’Espagne entendait exclure la concurrence portugaise, avait été mal calculée. En effet, ce méridien se trouvait passer à l’Ouest de la pointe Est du Brésil. C’est ainsi que les Portugais se sont autorisés à conquérir le Brésil, et que depuis lors ce pays est le seul d’Amérique du Sud à avoir le portugais comme langue officielle!

Traité de Saragosse

Suite au retour du voyage de circumnavigation de Fernand de Magellan en 1522 confirmant la rotondité de la Terre, et sans doute parce qu’il était apparu qu’il y avait des violations discrètes du traité de Tordesillas par les Portugais, il devint évident que ce Traité était insuffisant pour régler les droits d’exploration et de conquête respectifs de l’Espagne et du Portugal sur le reste du monde. Il parut alors nécessaire de fixer la limite Est de la sphère ou plutôt, en l’occurrence, la demi-sphère du droit de conquête espagnole. C’est le Traité de Saragosse qui fixe cette limite, le 22 avril 1529, à un méridien situé à 297,5 lieues (1 420 km) à l’Ouest des îles Moluques. Ainsi l’Espagne se trouvait en principe exclue de l’Asie.

Rivalité entre la France et l’Angleterre

Après la Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), la France s’engage dans la « Guerre de 7 ans » (1756-1763).

Cette guerre voit les principales puissances européennes s’affronter dans un conflit qui pousse les protagonistes à se combattre non seulement en Europe, mais également dans leurs colonies.

La France en sort battue et exsangue. Elle a notamment perdu son domaine américain au profit des Anglais, ce qui l’amènera d’ailleurs quelques années plus tard, par revanche, à soutenir la guerre d’indépendance des colonies britanniques d’Amérique (1775-1783). Elle perd également nombre de ses possessions dans les Caraïbes et en Inde.

La marine française est décimée mais sera réformée et améliorée dans les années suivantes.

La reconstitution d’un second empire colonial français fait alors partie des desseins inavoués qui sont assignés aux explorations maritimes lointaines vers l’Océan Indien, l’Australie et l’Océan Pacifique.

C’est donc dans ce contexte que vont s’organiser les expéditions maritimes européennes successives vers l’Australie.

 

 

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