La colonisation de l’Australie par les Anglais commença par le déversement d’une population carcérale. Les débuts furent difficiles car la colonie pénitentiaire, forte de près de 1400 personnes débarquées le 26 janvier 1788 à Port Jackson où n’existait absolument aucune infrastructure d’accueil, dépendait essentiellement, dans les premiers temps, de l’approvisionnement qui avait été acheminé en même temps que le convoi lui-même. La main-d’œuvre pénale montrait peu d’allant aux premiers travaux de défrichage, de plantation et de construction nécessaires à l’installation de la colonie. Jusqu’à ce que les premières plantations ne rapportent leurs fruits, la colonie était tributaire des cargaisons que l’Angleterre envoyait. Par suite des naufrages de deux bateaux ravitailleurs en décembre 1789 et en mars 1790 on courrait à la famine. Arthur Phillip dut procéder au rationnement jusqu’à l’arrivée d’un autre bateau en juin 1790.
Cependant, au fil du temps, les plantations commencèrent à rapporter. On cultivait le maïs, l’orge, le blé. Le cheptel bovin se développait. Cette production commençait à mettre la petite colonie à l’abri des aléas des approvisionnements en provenance d’Angleterre.
Pour assurer le maintien de la Couronne sur cette nouvelle terre et pour empêcher toute contestation de la part des Français, le gouvernement britannique, après James Cook le 22 août 1770, prit une seconde fois possession de toute la partie orientale de l’Australie deux semaines après l’installation de la First Fleet à Port Jackson.
La vie commença à s’organiser plus sérieusement et le développement de l’Australie prit progressivement son essor. Cependant, si loin de l’Angleterre, les officiers s’émancipèrent très vite des règles élémentaires de la société anglaise. La colonisation de pionniers, non-pénale, s’ajouta puis, progressivement, se substitua aux convicts.
Arthur Phillip rentra en Angleterre en décembre 1792 et son successeur, Francis Grose, décida d’attribuer des terres à des officiers, lesquels disposaient de la main-d’œuvre pénale, et curieusement, sans aucune fondement légal, les autorisa à revendre au détail pour leur propre compte les cargaisons gouvernementales qui arrivaient d’Angleterre. Il autorisa également la rémunération des convicts au-delà de leur temps de service réglementaire. Ces décisions devaient peser pour longtemps sur la vie de la colonie.
A l’origine les convicts étaient employés dans des chantiers de travaux publics ou dans des fermes gouvernementales, mais très vite, au fur et à mesure des arrivées de nouveaux déportés, il y eut un trop-plein de main-d’œuvre pénale qui fut alors mise à disposition, « assignée » comme travailleurs agricoles ou domestiques à des colons libres ou à des officiers supérieurs. Ils étaient nourris et logés par l’administration ou par leur employeur. Leur seule rémunération possible était de louer leurs services à des particuliers.
Une fois leur peine purgée, nombreux furent ceux qui, devenus des « émancipés » libres (emancipists), s’établirent sur des concessions gouvernementales en espérant un avenir meilleur.
Parmi les déportés on trouvait de nombreux Irlandais, et cette présence de plus en plus importante de catholiques inquiétait au plus haut point les protestants de la société dirigeante. Cette opposition religieuse a marqué toute l’Histoire de l’Australie.
Le navigateur et explorateur britannique Matthew Flinders publia en 1814 « A Voyage to Terra Australis » , ouvrage dans lequel il utilise le terme « Australie » pour désigner la terre jusqu’alors connue sous l’appellation de « Nouvelle Hollande » . Son livre fut largement lu et le terme « Australie » fut de plus en plus utilisé. Ce terme fut en usage dans les correspondances officielles entre la colonie et l’Amirauté anglaise. Le gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, Lachlan Macquarie, demanda au ministère que ce nom soit officialisé. En 1824, l’Amirauté britannique approuva la proposition et le nouveau continent devient officiellement l’Australie.
Nous ne retracerons pas ici l’Histoire du développement de la société australienne. Il existe des ouvrages de référence, et nous invitons nos lecteurs à s’y reporter. Nous aborderons cependant la création des diverses colonies, la montée du nationalisme australien et la naissance de la fédération australienne dans la partie consacrée à la Nation Australienne. Nous retiendrons cependant que la colonisation de l’Australie contre les Aborigènes s’est faite, en grande partie, dans la violence.
Pour un condensé de cette histoire, nous recommandons « Histoire de l’Australie de 1770 à nos jours » (Bernard, M. 1995, Histoire de l’Australie de 1770 à nos jours: naissance d’une nation du Pacifique, Paris, Edition L’Harmattan).
En revanche, nous voudrions insister sur l’exploration de l’Australie car, jusqu’alors, seules les régions côtières avaient été partiellement reconnues. Or, faut-il le souligner, l’Australie est un continent dont les plus grandes dimensions sont:
- du nord au sud: 3700 km
- d’est en ouest: 4000 km
- superficie: 7,7 millions de km²
Compte tenu du climat aride, semi-désertique et désertique de l’intérieur, il fallut des hommes intrépides pour entreprendre l’exploration de l’intérieur de l’Australie.