Préhistoire de l’Australie

On désigne généralement sous le terme de « préhistoire » la période comprise entre l’apparition de l’Humanité et l’apparition des premiers documents écrits. Nous définirons donc la préhistoire de l’Australie comme la période s’étant écoulée entre l’arrivée des premiers hommes sur le continent et celle des premiers navigateurs européens y ayant abordé.

Nous avons conscience qu’une telle définition est sans doute marquée par un certain européocentrisme mais, à notre connaissance, nous n’avons pas d’autres références écrites antérieures à l’arrivée des européens.

Préhistoire de l’Australie

Les Aborigènes

Le terme de « découverte » de l’Australie par les premiers navigateurs européens est tout à fait relative et très européocentrique.

Aborigène

Aborigène

Il est vraisemblable que le continent australien était vide de population humaine avant l’arrivée des Aborigènes. Ils seraient en fait les véritables premiers découvreurs de l’Australie.

Il existe différentes théories au sujet de leur origine. Selon certains, ils seraient venus de l’archipel indonésien sur des embarcations par le Nord via Timor il y a environ 40000 ans. D’autres suggèrent qu’ils seraient arrivés de ce qui constitue aujourd’hui la Nouvelle-Guinée, laquelle, en cette dernière période glaciaire, était rattachée à l’Australie.

Migrations Sunda-Sahul-Wallacea

Migrations Sunda-Sahul-Wallacea

En effet, à cette époque, qui correspond au milieu de la dernière période glaciaire (120 000 à 10 000 ans environ) le niveau des mers était bien plus bas qu’aujourd’hui et la Nouvelle Guinée, ainsi que la Tasmanie, étaient rattachées au continent australien dans ce qui formait alors une partie de l’ensemble continental émergé du « Sahul« . L’Australie était séparée de l’île de Java par plusieurs détroits. Pour rejoindre les rives australiennes, ces premiers découvreurs ont dû traverser ces détroits et savaient donc vraisemblablement conduire des embarcations.

Ces deux théories ne sont certainement pas exclusives l’une de l’autre. Il est fort probable que plusieurs vagues humaines soient arrivées à différents moments ou en même temps en différents points géographiques du continent. L’isolement génétique de cette population aborigène (du latin « ab origine »  (« depuis l’origine » ), pour signifier qu’elle est la première occupante du territoire) par rapport aux autres populations d’Eurasie daterait d’il y a 50 000 ans.

Les preuves scientifiques et archéologiques démontrent que l’occupation humaine, selon le lieu géographique du continent, date au maximum de 125 000 ans (cette date est contestée), avec une moyenne fixée à 40 000 ans environ. Le séquençage du génome d’un aborigène du début du XXe siècle montre que les ancêtres des aborigènes, partis originellement d’Afrique, seraient arrivés en Asie il y a environ 70 000 ans et seraient isolés en Australie depuis 50 000 ans.

Les Aborigènes ont rejoint l’Australie, s’y sont installés et en ont progressivement, pendant des millénaires, occupé tout l’espace, jusqu’à la très méridionale Tasmanie. Après le relèvement du niveau des mers et des océans ayant accompagné la fin de la dernière glaciation il y a dix mille ans, les Aborigènes s’y retrouvèrent isolés, y vécurent en autarcie en y développant une culture qui leur est propre et qui est la plus ancienne culture ininterrompue du monde.

Les premiers contacts extérieurs

Les pêcheurs d’holothuries indonésiens

Bien après l’installation des Aborigènes, la côte Nord de l’Australie a connu des visites régulières de populations venues de la rive opposée de la Mer du Timor. En effet des pêcheurs des îles indonésiennes les plus proches venaient chaque saison annuelle y pêcher l’holothurie, ou « bêche de mer », dont les Asiatiques sont friands. Ils revendaient ensuite le produit de leur pêche aux commerçants chinois de la ville de Makassar, une ville de l’île de Sulawesi, Célèbes en français. Ces marins venant des îles de la Sonde ne se sont cependant jamais installés en Australie, qu’ils quittaient chaque année après leur saison de pêche.

L’hypothèse chinoise

On peut légitimement s’interroger sur l’éventualité d’une « découverte » de l’Australie par les Chinois avant l’arrivée des premiers navigateurs européens. Ce questionnement de la présence de Chinois en Australie se fonde sur le fait que la Chine a une tradition maritime de longue date. Selon des récits datant du VIe siècle, une expédition religieuse chinoise quitta les côtes chinoises en 499, remonta vers la Sibérie, rejoignit l’Alaska et redescendit les côtes américaines pour parvenir définitivement sur les côtes mexicaines. Plusieurs siècles plus tard, la Dynastie Song (960-1279) découvre la poudre à canon et le vrai Nord par l’usage de la boussole. Elle commence à se doter d’une marine permanente, laquelle devient prestigieuse au XVe siècle. Au début du XVe siècle, les Chinois organisent des expéditions maritimes vers le sud-ouest. En 1405, sous le commandement de l’amiral Zheng He, 73 navires et 28 000 hommes abordent en Insulinde. En 1408, les Chinois sont à Ceylan. En 1431, ils explorent les côtes de l’Afrique orientale jusqu’au Mozambique.

Compte tenu de la présence et l’importance de cette flotte en Insulinde, il paraît hautement probable que les marins chinois aient été informés par les pêcheurs et commerçants d’holothuries de l’existence du continent australien tout proche au Sud.

Comment alors ne pas imaginer, avec Dominique Lelièvre (Voyageurs Chinois à la découverte du monde, Genève, Suisse, Editions Olizane) que cette puissante nation maritime, dont les navires traversent l’océan Pacifique, l’océan Indien, visitent les pays du Golfe, l’Afrique, et des côtes encore plus lointaines, « ait découvert l’Australie bien avant la lointaine Europe » .

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Après cette très longue période préhistorique, le temps s’accélère pour l’Australie. Les navigateurs partis d’Europe vont explorer les grands espaces maritimes et terrestres par delà le Cap de Bonne-Espérance à la pointe Sud de l’Afrique, ou en affrontant le Cap Horn à la pointe Sud de l’Amérique. Mais ces explorations n’auraient pas pu avoir lieu sans un contexte général des expéditions maritimes européennes vers l’Australie.

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